Crâl, Alexandre Correa
Des milliers d’années après l’explosion complète de Tchernobyl, qui a détruit toute vie sur l’hémisphère Nord, les hommes reviennent, timidement. Et avancent à tâtons, pour recommencer. Crâl préfère suivre sa propre voie, même si elle se confond avec celle de sa tribu.
Extrait
« Une fois l’eau arrivée jusqu’à sa taille, Crâl s’immobilise quelques instants puis, brusquement, il plonge et disparaît, et la morsure de l’eau froide cingle son corps. Crâl reste sous l’eau, jusqu’à ce que le manque d’air devienne insupportable. Il émerge alors en soufflant puis s’enfonce lentement jusqu’à ce que l’eau arrive à la hauteur de sa bouche. Et là, dans la rivière, Crâl boit de grandes gorgées d’eau glacée. Il se sent bien, seul, fouetté par le froid, goûtant les premiers rayons du soleil dans la lumière pâle de l’aube, son corps se souvenant encore douloureusement de chaque moment de l’ivresse passée, dans le silence de la nuit qui cède la place au jour. »